Le premier stress des jeunes parents qui travaillent ou cherchent un job, c’est de trouver une nounou ou une crèche pour leur bébé de quelques mois. Les réseaux sociaux répercutent leurs appels de détresse. Exemple d’un message posté jeudi après-midi sur la page Facebook d’une commune bruxelloise : “Nous venons d’apprendre que nous perdons notre place à la crèche… Notre fille a déjà 7 semaines, et nous cherchions une place pour janvier 2024. Elle aura alors 5 mois et demi. Si vous avez connaissance d’une place qui se libère quelque part, ou autre solution miracle, nous sommes preneurs ! Signé : 2 parents TRÈS désespérés.”
Message dans le même sens dans le Brabant wallon : “Nous sommes toujours à la recherche d’une crèche/une accueillante pour une entrée en décembre 2023 ou janvier 2024. Dans les alentours de Perwez, Mont-Saint-Guibert, Chastre, Chaumont-Gistoux, Gembloux, Louvain-la-Neuve, Incourt… Auriez-vous des pistes pour nous ?”
Comment vous faites pour travailler si vous n'avez pas de crèche?
Obligés de faire confiance
Autre témoignage de cette maman solo qui a accouché en août : “Comment vous faites si vous trouvez pas de crèche ? Je me suis inscrite dans plusieurs lieux, privés comme publics, mais soit il y a des disponibilités à partir de 2025, soit il n’y a plus de place. J’ai vraiment envie de commencer à travailler cette année mais, pour le moment, je n’ai aucune place valide. Si vous avez des pistes, je suis preneuse.” Ces places d’accueil qui disparaissent
Autant dire que ces parents, confrontés à la pénurie, n’auront pas l’embarras du choix du milieu d’accueil : beaucoup prendront la première place qui se libère, obligés de faire confiance.
D’où l’importance, renforcée encore dans ces situations, de la familiarisation préalable avec le nouvel environnement où le bébé passera désormais ses journées. “Penser ces temps de rencontre avec l’enfant et son parent s’avère prioritaire pour soutenir le processus de création de liens et de repères, insiste-t-on du côté de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE). Ces moments prennent tout leur sens quand ils sont réfléchis en partenariat avec les parents.” Un ensemble de petites choses
Mais certains parents ne voient pas forcément l’intérêt de cette période (”Mon enfant est facile : il s’adapte à tout”) ou n’ont pas le temps (leur employeur se montre pressant, leurs horaires sont compliqués…). Cette étape, pourtant déterminante, n’est pas toujours facile à faire accepter.
Les modalités de cette familiarisation avec le milieu d’accueil de l’enfant se discutent entre la crèche et les parents. “Il n’y a pas un schéma type, qui serait testé et approuvé, indique la directrice d’une crèche bruxelloise. C’est un ensemble de petites choses, qu’on ajuste en fonction des possibilités des familles et des disponibilités des puéricultrices.” Rendre les crèches gratuites pour les familles les plus modestes
Au départ, il y a une rencontre avec la direction, une visite de la crèche, un échange avec l’équipe, une discussion avec les puéricultrices qui s’occuperont du bébé… Le papa ou la maman passe des petits moments avec son enfant dans la section où il sera accueilli. Une manière de découvrir l’envers du décor où le petit passera désormais ses journées. L’occasion, aussi, de montrer aux professionnels comment le bébé prend son biberon ou avale sa panade. En fonction de l’organisation du milieu d’accueil, ces moments durent entre une demi-heure et une heure. Créer des liens et des repères
L’enfant passe ensuite progressivement des petites périodes seul avec les professionnels.
La création de liens et de repères prend du temps, en particulier pour l’enfant qui en a une notion différente de celle des adultes, explique l’Office de la naissance et de l’enfance. En raison de son immaturité, le tout-petit a besoin de vivre un certain nombre de fois la réalité pour se la représenter. La répétition des expériences est donc nécessaire pour permettre de construire la relation avec le professionnel. L’enfant pourra comprendre que maman (ou papa) qui part reviendra car il aura pu l’expérimenter à plusieurs reprises au cours de cette familiarisation.
Cette période de séparation avec les parents peut être très sensible et stressante pour le bébé, ajoute l’ONE : il est donc important que l’environnement puisse s’adapter et les professionnels s’ajuster aux besoins et aux signaux de l’enfant. Et non l’inverse.